Cette semaine, Flamenco-Bordeaux est allé à la rencontre de Christophe Léon Schelstraete, musicien qui a ouvert à Bordeaux la première école de cajon au monde. Késako ? Le cajon est une caisse de résonance, originaire du Pérou, sur laquelle on s’assoit pour jouer avec les mains et qui offre une diversité sonore unique. A la base, cet instrument était utilisé pour contenir la cueillette des fruits ou la pêche au Pérou. Les hommes ont alors pris l’habitude de s’en servir comme percussion. Son lien au flamenco est très nouveau puisque c’est Paco de Lucia qui l’a rapporté en Espagne, il y a 40 ans pour enrichir la musique flamenca.
Rencontre avec ce musicien humble et passionné.
Flamenco Bordeaux : Bonsoir Léon ! Qui êtes vous ?
Christophe Léon Schelstraete : Léon Bonsoir.
Je suis musicien batteur depuis 1988 exactement. J’ai réalisé mon service militaire dans la musique, puis je suis devenu batteur professionnel sur la région paloise, et bordelaise dans différentes formations : africaines, blues, jazz, pop anglaise… Aujourd’hui je vis toujours de ma passion, la musique, un batteur qui a pour envie de faire découvrir ce nouvel instrument, le cajon, une vraie mini batterie.
F.B : Qu’est ce qui vous a donné envie de commencer le cajon ?
C.L.S : Au début je m’en servais dans les mariages où la batterie était installée pour la soirée dansante. Je jouais du cajon pour le cocktail dans les jardins, ce qui me permettait de me déplacer plus facilement pour accompagner les autres musiciens. Quand j’ai découvert le cajon, cela a été pour moi une façon de diminuer le set de batterie. Je prends le rythme de batterie qui existe et je l’adapte sur le cajon. J’ai depuis ces dernières années développé plusieurs techniques. Pour nous batteurs, pouvoir se déplacer n’importe où, sur une plage, chez des amis avec le cajon, comme le font les guitaristes, c’est une réelle aubaine. Ce qu’il est important de souligner, c’est qu’il y a deux façons d’approcher le cajon. Il y a les percussionnistes et il y a les batteurs. J’ai toujours été très simple sur la batterie et donc toujours diminué les éléments. Je le suis également dans le cajon puisque quand je joue, je n’utilise que « la boite ». C’est ce côté à l’état pur qui me porte : faire le minimum pour que le maximum se passe.
F.B : Pourquoi ouvrir l’école de cajon ?
C.L.S : Il y a d’abord eu des cours de flamenco avec la Peña flamenca Copas y Compas. Puis, les élèves ont voulu découvrir le cajon dans tous les styles de musique : reggae, samba, bossa, rock, folk…parce que jouer tous les styles de musiques avec cet instrument, c’est possible. Et c’est à ce moment que j’ai eu l’idée d’ouvrir une école de cajon à Bordeaux. En toute modestie, je pense que je suis le tout premier à ouvrir une école de ce type dans le monde. Il y a des masterclass, des stages, des écoles qui proposent des cours de batterie, djembé, cajon, mais pas d’école dédiée uniquement au cajon. L’école propose des cours collectifs, beaucoup plus conviviaux et ludiques.
F.B : Quel est le rapport entre cajon et flamenco selon vous ?
C.L.S : Je n’ai pas découvert le cajon dans le flamenco, je l’ai découvert à la base comme une alternative à la batterie. N’étant pas spécialiste de la culture flamenca, je l’apprends petit à petit depuis 4 ans à la Peña. Le flamenco se developpe de plus en plus sur la région Nouvelle-Aquitaine, avec notamment la venue de 3 danseuses sur Bordeaux : Helena Grizard Cueto, Samantha Alcon et Deborah « La Caramelita » pour ne citer qu’elles. Au cajon flamenco dans la région, il y a également Alex Pascau Carrasco. Il faut comprendre que le cajon dans le flamenco est né il y a quarante ans à peine, c’est donc vraiment tout nouveau. Les espagnols ont créé des rythmes via leur coté percussionniste sur le cajon, pour pouvoir accompagner le compas. Il y a surtout 5 compas flamenco que l’on peut accompagner du cajon : la buleria, le tango, la rumba, les sévillanes et le fandango. Et même si cela tend à se développer, il est encore peu utilisé. En Espagne, je vois beaucoup de tablaos sans cajon. C’est vraiment un ajout d’instrument qui date d’il y a 40 ans.
F.B : Où en est-on avec le cajon dans le monde ? Pensez vous que cet instrument va se démocratiser un peu plus en France ?
C.L.S : Le monde du cajon n’arrête pas d’évoluer, et il deviendra à mon avis, un instrument à part entière comme les autres instruments (guitare, basse, batterie). Contrairement au djembé, qui a une connotation africaine : même si on peut mélanger les cultures, dans l’écoute cela reste africain. Alors que le cajon, quel que soit le style, c’est comme une mini batterie. En France, cela se démocratise également : j’ai vu des gens du Pays Basque et des Pyrénées venir faire des stages à l’école de cajon.
F.B : Quels sont vos prochains projets avec la Peña et l’école de cajon ?
C.L.S : Tout d’abord, jumeler les élèves de la Peña et de l’école de cajon pour le spectacle de fin d’année. Je souhaite également organiser des sorties « flash cajon mob » dans Bordeaux. J’aimerais montrer que le cajon est vraiment accessible. Je propose régulièrement des initiations gratuites découvertes. Au bout d’une heure les élèves savent déjà jouer Billie Jean de Michael Jackson ! J’organise des stages, le prochain stage est le 21 avril de 14h à 16h, « rock, pop, folk ». Vous venez avec le morceau de votre choix et vous repartez en sachant le jouer au cajon.
Léon bien entendu.